Noté/5: Achetez Validation mode d'emploi: Techniques élémentaires de communication avec les personnes atteintes de démence sénile de type Alzheimer. de Naomi Feil, Blanchard, François, Roux-Brioude, Jacques: ISBN: 9782907516969 sur
Naomifeil and vicki de klerk rubin the validation breakthrough simple techniques for municating with people with alzheimer s and other dementias third edition health professions press baltimore maryland 2012 304 pp pbk 34 95 isbn 13 978 1 932529 93 7 volume 33 issue 7 fiona kelly.
Validation mode d'emploi (PRADEL)-TECHNIQUES ELEMENTAIRES DE COMMUNICATION AVEC LES PERSONNES ATTEINTES DE DEMENCE SENILE DE TYPE ALZHEIMER. Feil, Naomi. Edité par Pradel, 1999. ISBN 10 : 2907516965 ISBN 13 : 9782907516969
Uneintroduction et des expĂ©rimentations des 5 Ă©tapes de la mĂ©thode de validation de Naomi Feil; Les Recommandations de Bonnes Pratiques Professionnelles de lâHAS dans la prise en charge des patients atteints de dĂ©mence; Mise en place dâun plan dâapplication des acquis de la
Validation mode d'emploi - La méthode en pratique - Des techniques simples pour communiquer avec les personnes atteintes de maladie d'Alzheimer ou démences apparentées - Vicki de Klerk-Rubin, Naomi Feil (EAN13 : 9782361100957)
LAMETHODE EN PRATIQUE, 2E EDITION, Feil Naomi. La thérapie par la Validation est un moyen de communiquer avec les grands vieillards désorientés. Conçue aux Etats-Unis par Naomi Feit, et largement répandue dans le monde, cette méthode consiste à valider les sentiments ou tes émotions des personnes atteintes de démence sénile de type
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kK6t. La rĂ©daction dâAgevillage a interrogĂ© lâĂ©quipe des psychologues et psychothĂ©rapeutes de lâInstitut de la mĂ©moire et de la maladie dâAlzheimer â IM2A AP-HP. Ils livrent leurs conseils aux aidants, en six chapitres. PremiĂšre partie comment rassurer son proche malade ? Comment gĂ©rer le confinement quand on accompagne un proche atteint dâune maladie dâAlzheimer ou dâune pathologie apparentĂ©e ?La propagation de lâĂ©pidĂ©mie et la mise en place du confinement ont bouleversĂ© les routines quotidiennes essentielles au bien-ĂȘtre des malades et de leurs proches. Les parcours de soins accueil de jour, orthophonistes, consultations neurologiques, etc. sont ralentis voire totalement interrompus, ce qui a pu gĂ©nĂ©rer une perte de repĂšres chez votre proche consĂ©quence, la situation pour vous, peut ĂȘtre encore plus difficile Ă vivre, car cela diminue vos possibilitĂ©s de rĂ©pit. Avec lâarrĂȘt des activitĂ©s de dĂ©tente et la confrontation permanente aux troubles et Ă la maladie de votre proche, il existe un risque dâĂ©puisement plus important. Par ailleurs, les troubles cognitifs et comportementaux de la maladie peuvent rendre difficile le respect des gestes sanitaires pour votre proche malade et vous inquiĂ©ter somme, cette pĂ©riode difficile peut faire Ă©merger ou accentuer de lâanxiĂ©tĂ©, des affects dĂ©pressifs ou un Ă©tat dâĂ©puisement chez votre proche malade et pourquoi, il est important dâintroduire de nouvelles routines et de suivre certaines recommandations pour traverser cette pĂ©riode le plus sereinement votre proche malade Communiquer sur le contexte actuel dans un langage clair - Indiquez-lui que le confinement ne le prive pas de son Il est possible que votre proche pose plusieurs fois la mĂȘme question. NâhĂ©sitez pas rĂ©pĂ©ter votre message le plus clairement et calmement possible, mĂȘme si cela peut susciter de lâagacement chez LĂ©gitimez ses questions et ses inquiĂ©tudes. Questionnez-le sur son ressenti Ă©motionnel sans chercher Ă lâalerter ou Ă provoquer des Ă©motions chez lui sâil nâen exprime son sentiment de sĂ©curitĂ© Votre proche malade remarque et ressent vos Ă©motions et votre Ă©tat dâesprit. Il a besoin, pour se sentir en sĂ©curitĂ©, de se sentir en confiance et de trouver de la cohĂ©rence dans ce quâil ressent lâĂ©motion associĂ©e Ă votre message, mĂȘme lorsquâil ne comprend pas tout Ă fait ce que vous dites et sera souvent plus inquiet de votre dĂ©tresse que de la situation elle-mĂȘme. Un message Ă tonalitĂ© trop anxiogĂšne peut empĂȘcher sa comprĂ©hension et gĂ©nĂ©rer de lâ Essayez ainsi de rester en cohĂ©rence avec votre discours. Par exemple, si vous dites Il nây a pas de raison dâavoir peur », mais que vous lui demandez sans arrĂȘt sâil sâest lavĂ© les mains sur un ton anxieux, cela peut causer de la confusion chez votre proche malade et lui faire ressentir de lâ RĂ©gulez votre expression Ă©motionnelle. Il est bien entendu naturel que vous puissiez exprimer vos ressentis, dire jâai peur, je suis », mais en Ă©vitant dâĂȘtre par eux. Si vous manifestez vos craintes par un visage effrayĂ© ou alarmĂ©, vous risquez dâinquiĂ©ter votre proche malade. Quelques techniques de gestion des Ă©motions vous sont proposĂ©es dans la section Prendre soin de soi » afin de favoriser ce contrĂŽle Ă©motionnel⊠NDLR nous les publierons prochainement.Favoriser une exposition aux informations utiles - Evitez de surexposer votre proche aux informations et aux images mĂ©diatiques qui ne seraient pas adaptĂ©es Ă son niveau de comprĂ©hension. Cela peut crĂ©er un environnement stressant pour vous mais Ă©galement pour votre proche qui peut entendre le caractĂšre anxiogĂšne des informations Tenez-vous via des sources sĂ»res une fois dans la journĂ©e, en faisant attention aux fausses informations qui circulent.
Slides 16 Download presentation Formation de Praticien en Validation de Naomi Feil 1 Session Vaud 2013 13 -14 -15 fĂ©vrier, 23 -24 mai, 2 -3 juillet, 12 -13 septembre, 4 -5 -6 dĂ©cembre. Session GenĂšve 2013 11 -12 -13 mars, 21 -22 mai, 4 -5 juillet, 10 -11 septembre, 20 - 21 -22 novembre. 2 Qui suis-je ? Maria Teresa Nicastro Animatrice en EMS Praticienne en Validation Animatrice de groupes de Validation Formatrice aux bases de la Validation Quâest ce que la Validation? ElaborĂ©e par Naomi Feil Psychologue sociale dâorigine Allemande elle consacre sa vie professionnelle Ă lâaccompagnement des vieilles personnes en pertes dâautonomie psychique 4 Quâest ce que la Validation Naomi Feil se rĂ©fĂšre Ă des thĂ©ories humanistes qui guident la mise en Ćuvre de technique de communication, en maintenant une attitude fondĂ©e sur lâempathie pour entretenir une relation de soin prendre soin bienveillante avec ces grands vieillards DĂ©finition Valider câest reconnaitre la personne ĂągĂ©e Ă part entiĂšre en lâacceptant telle quâelle est, quel que soit le degrĂ© de conscience manifestĂ© en faisant lâhypothĂšse que son comportement a un sens mĂȘme si nous somme troubles voire dĂ©concentrĂ©s par ce quâils font 6 Les buts de la mĂ©thode Permettre aux personnes ĂągĂ©es de rester chez elles le plus longtemps possible Maintenir ou restaurer la communication verbale et non verbale de soi RĂ©duire le stress Restaurer lâestime de soi 7 Les buts de la mĂ©thode Aider Ă rĂ©soudre des conflits non rĂ©glĂ©s du passĂ© Garder le sentiment de sa dignitĂ©, de sa propre valeur RĂ©duire le recours aux contentions physiques et chimiques ⊠8 Les outils Se centrer Observer et Calibrer, sâajuster, se synchroniser, sâaccorder Reformuler Se mettre au diapason de lâautre, se mettre au pas de lâautre 9 Les outils Poses des questions ouvertes et fermĂ©es etc⊠10 Comment ? Par une attitude empathique dans un climat de confiance 11 Comment ? Par une vision capacitaire pour permettre Ă la personne ĂągĂ©e de contacter des ressources dĂ©jĂ mobilisĂ©es dans le passĂ©. 12 Comment ? Au cours dâentretiens individuels, ou de rĂ©unions de groupe, ou dans les actes du quotidien⊠13 Processus La relation de confiance permet une rĂ©ponse adaptĂ©e aux besoins fondamentaux - Se sentir aimĂ© et en sĂ©curitĂ© - Se sentir utile et aimable, digne dâattention reconnu, productif, faisant partie de⊠- Exprimer ses Ă©motions, et se sentir entendu, accueilli. 14 Le fruit dâune expĂ©rience Celle de Naomi Feil Glaydys Wilson et Naomi Feil 15 Merci de votre attention JâespĂšre vous avoir donnĂ© lâenvie de vous former Ă la Validation.
1 La vieillesse a toujours eu deux visages, Ă la fin du XXe siĂšcle ces deux images sont celles du vieux flamboyant » et celle du vieux dĂ©pendant ». Les premiers sont intĂ©grĂ©s Ă la vie sociale oĂč ils agissent activement, en consommateurs avertis. Les seconds sortent de la vie sociale pour entrer dans la dĂ©pendance du secteur mĂ©dicosocial »; ils perdent progressivement leur autonomie et risquent fort dây perdre Ă©galement leur dignitĂ©. Tel serait en particulier le sort promis aux personnes atteintes de maladies dĂ©mentielles. 2 Le regard sur la vieillesse plus difficile de ces aĂźnĂ©s, dont les performances physiques, mais surtout intellectuelles, sont devenues infĂ©rieures aux normes imposĂ©es pour vivre en sociĂ©tĂ©, devient de plus en plus un regard mĂ©dical. 3 La dĂ©finition de la dĂ©mence sĂ©nile » met certes lâaccent sur le processus dĂ©gĂ©nĂ©ratif organique acquis, dĂ©ficitaire, progressif et incurable. La clinique constate une mĂ©moire qui sâefface, un langage et une pensĂ©e consciente qui se dĂ©structurent. Pourtant, Ă lâinstar de nombreux cliniciens tels que Jean Maisondieu [1], Pierre Guillet [2], Jean-Marie LĂ©ger [3], Marion PĂ©ruchon [4] et MichĂšle Grosclaude [5], nous avons recueilli des observations oĂč une vie psychique significative se laisse percevoir par instants. Au-delĂ de ces dĂ©ficits, nous observons des manifestations verbales et non verbales, qui tĂ©moignent de la permanence dâune vie psychique et affective, support de lâidentitĂ© du sujet François Blanchard [6], [7], Louis Ploton [8], [9] . 4 Face Ă ces paradoxes, il nous paraĂźt utile de nous interroger Ă propos du regard que nous accordons aux plus fragiles et Ă la place que nous faisons Ă ces vieux quâon dit dĂ©ments. 5 AprĂšs un rappel du cadre historique, nous nous interrogerons sur la possibilitĂ© dâune relation Ă cet autre qualifiĂ© de dĂ©ment, et sur la construction dâune relation thĂ©rapeutique. Pour cela nous dĂ©velopperons plus particuliĂšrement la mĂ©thode de Validation de Naomi Feil. LA VIEILLESSE UNE HISTOIRE ANCIENNE LA DĂMENCE UNE HISTOIRE RĂCENTE LâEXCLUSION DU VIEILLARD 6 LâambiguĂŻtĂ© vis-Ă -vis de la vieillesse nâest pas nouvelle. Comme le mentionne Jean-Pierre Bois [10] dans son ouvrage Les vieux, de Montaigne aux premiĂšres retraites » Depuis Platon et Aristote, CicĂ©ron et Saint Thomas dâAquin, la vieillesse a engendrĂ© beaucoup dâimages et de rĂ©flexions, Ă toutes les Ă©poques et dans tous les genres, du dĂ©nigrement le plus facile aux apologies les moins rĂ©alistes». 7 Les vieux, en tant que groupe social, apparaissent plus clairement Ă la fin du XVIIIe siĂšcle lorsque la sociĂ©tĂ© connaĂźt un vĂ©ritable bouleversement avec la montĂ©e de la classe ouvriĂšre. Pour lâimmense majoritĂ©, le statut social nâest plus liĂ© au rĂ©gime de la propriĂ©tĂ© mais Ă lâexercice dâun mĂ©tier. Il nâest pas rare de voir se profiler, pour le vieux nâayant plus ni propriĂ©tĂ© ni force de production, une mise en marge symbolique mais aussi bien rĂ©elle, non seulement de la sociĂ©tĂ©, mais Ă©galement du milieu familial. 8 Au XVIIe siĂšcle, un observateur du Revermont dans le Jura rĂ©sume bien ce type de situation Quelquefois le sort des parents qui se dĂ©pouillent par tendresse en faveur de leurs enfants est digne de pitiĂ© par le peu dâĂ©gards quâils obtiennent lorsquâon nâattend plus rien dâeux. Les traitements quâils obtiennent semblent leur rĂ©pĂ©ter Ă chaque instant quâils sont devenus Ă charge et quâil est temps quâils finissent une vie inutile. » Gutton [11] . 9 Notons que ces pratiques dâexclusion nâont pas attendu la rĂ©volution industrielle. Bien des textes font mention dâabandon du parent ou parfois Ă lâextrĂȘme de meurtre. Ces pratiques, officieusement acceptĂ©es, le sont dâautant plus lorsque le parent peut ĂȘtre qualifiĂ© de fou ». 10 DĂšs le Moyen-Ăge, ces ĂȘtres affligĂ©s de pauvretĂ© par lâĂąge doublĂ©e de pauvretĂ© par sĂ©nilitĂ© » F. Blanchard [12] , incapables dâassurer leur subsistance, ne trouvent plus guĂšre de place que dans les institutions dâassistance. Et au fil des siĂšcles des Ă©tablissements fleurissent pour rĂ©pondre Ă ce besoin croissant. Au XIXe siĂšcle, il nâest pas de grande ville qui nâait son hospice de vieillards » Bois [13] . 11 Comme lâa montrĂ© Michel Foucault dans Histoire de la Folie » et Surveiller et Punir », il ne sâagit pas seulement de secourir ces vieillards, mais Ă©galement de les exclure avec les autres marginaux de la sociĂ©tĂ© dans ces hospices qui sont autant des lieux dâenfermement que des lieux de soins. LA DĂMENCE, UNE NOTION JURIDIQUE ⊠12 Que le vieillissement puisse sâaccompagner de troubles de lâesprit est connu dĂšs lâantiquitĂ©, mais cela a inquiĂ©tĂ© les juristes bien avant les mĂ©decins. 13 Solon, en 500 avant JĂ©sus-Christ, avait dĂ©fini les altĂ©rations du jugement liĂ©es au trĂšs grand Ăąge comme des conditions pour lesquelles la volontĂ© se retrouverait ĂȘtre nulle et non avenue, en particulier pour permettre dâinvalider un testament. 14 Platon, en 350 avant JĂ©sus-Christ, reconnaĂźt quâun Ă©tat de folie ou de maladie, sous lâinfluence de lâĂąge extrĂȘme, peut rendre excusables certains crimes comme le sacrilĂšge, la perfidie ou la haute trahison. 15 Le nom mĂȘme donnĂ© Ă cet Ă©tat DĂ©mence SĂ©nile », qui survivra jusquâĂ nos jours, est nĂ© dans ce contexte juridique; Ă©tymologiquement Des » et Mens » privĂ© de raison, sans pensĂ©e, hors de lâesprit. Cela marquera trĂšs longtemps le sort des personnes atteintes de ce trouble. ConsidĂ©rĂ©es plutĂŽt comme exclues de la communautĂ© humaine que comme des malades. ⊠AVANT DâĂTRE MĂDICALE 16 En effet, lâhistoire mĂ©dicale de la maladie dĂ©bute beaucoup plus tard. Hippocrate, contemporain de Platon, nâa pas rĂ©ussi Ă inclure les dĂ©sordres dĂ©mentiels dans sa nosologie. Et, mĂȘme si Areatus de Cappadoce, au XIIe siĂšcle aprĂšs JĂ©sus-Christ, cite la vieillesse comme une des causes possibles de folie, il faudra attendre le XIXe SiĂšcle pour quâEsquirol dĂ©gage le concept de dĂ©mence des notions plus gĂ©nĂ©rales dâarriĂ©ration mentale ou de folie. En 1838, il fait la premiĂšre description clinique prĂ©cise de la dĂ©mence avec ses troubles de la mĂ©moire et ses modifications du jugement, concluant que le dĂ©ment est un riche devenu pauvre alors que lâidiot ou lâarriĂ©rĂ© mental a toujours Ă©tĂ© pauvre ». 17 Le dĂ©but du XXe siĂšcle avec lâapplication des mĂ©thodes anatomocliniques, a Ă©tĂ© une pĂ©riode fertile pour la connaissance de cette maladie. 18 En 1892 Blocq et Marinesco observent pour la premiĂšre fois les plaques sĂ©niles que Redlich, en 1898, rattachera Ă la dĂ©mence sĂ©nile. 19 Klippel et Lhermitte sont les premiers en 1905 Ă distinguer les dĂ©mences avec lĂ©sions vasculaires des dĂ©mences sĂ©niles pures oĂč lâon retrouve ces plaques sĂ©niles. 20 En 1907, AloĂŻs Alzheimer publie lâhistoire clinique dâune malade ĂągĂ©e de 51 ans dĂ©cĂ©dĂ©e aprĂšs une Ă©volution progressive de 4 ans et 6 mois dans un grand tableau dĂ©mentiel avec dĂ©sorientation et hallucinations. Dans son Ă©tude histologique, il montre lâexistence de conglomĂ©ras intra-neuronaux de fibres anormales co-existant avec des plaques sĂ©niles. A cette premiĂšre description histologique complĂšte de la maladie dĂ©mentielle il donne un nom la dĂ©gĂ©nĂ©rescence neuro-fibrillaire. 21 Kraepelin, en 1910, dans son manuel de psychiatrie donne le nom de maladie dâAlzheimer Ă la dĂ©mence prĂ©-sĂ©nile dĂ©gĂ©nĂ©rative, maladie rare, dĂ©butant avant 65 ans. 22 Il faudra attendre 1968 pour que Thomlinson, Blessed et Roth, examinant un groupe de cerveaux de patients ĂągĂ©s de plus de 65 ans et ayant une maladie dĂ©mentielle, dĂ©montrent lâunicitĂ© du processus quel que soit lâĂąge; ils peuvent conclure que la majoritĂ© des maladies dâAlzheimer surviennent aprĂšs 70 ans. 23 En 1977 a lieu Ă Londres le premier congrĂšs mondial sur la maladie dâAlzheimer et les autres dĂ©mences sĂ©niles; cette date coĂŻncide aussi avec la prise de conscience dĂ©butante quâil sâagit dâun rĂ©el problĂšme de SantĂ© Publique. Lâopinion commence Ă ĂȘtre sensibilisĂ©e. 24 On assiste depuis Ă un paradoxe Ă©tonnant. Les progrĂšs scientifiques dans la comprĂ©hension des mĂ©canismes des maladies dĂ©mentielles sont Ă©vidents; elle se base sur une meilleure localisation des atteintes neurologiques, en particulier par les techniques dâimagerie et sur une meilleure comprĂ©hension des mĂ©canismes neuro-chimiques et neuro-gĂ©nĂ©tiques. La nosographie sâaffine, les classifications sont plus prĂ©cises. Les neurosciences sâintĂ©ressent Ă lâappareil bio-anatomique et aux fonctions cognitives mais ne disent rien de la vie psychique au sens Freudien L. Ploton [14] . Ce nâest pas leur objet dâĂ©tude. ParallĂšlement Ă ces progrĂšs, dans les connaissances, les techniques de soins et de prise en charge sâamĂ©liorent pour les malades qui en bĂ©nĂ©ficient. Or, dans le mĂȘme temps, la reprĂ©sentation sociale de ces maladies se dĂ©grade, lâangoisse et la peur augmentent et deviennent plus prĂ©gnantes dans le public, mais Ă©galement auprĂšs de bon nombre de professionnels de santĂ©. Aux mots sĂ©nilitĂ© ou gĂątisme dâautrefois, on a substituĂ© le mot dâAlzheimer porteur de fantasmes, globalisant tous les troubles de la mĂ©moire, mĂȘme les simples ralentissements psychiques chez les sujets ĂągĂ©s alors que tout trouble de la mĂ©moire ne tĂ©moigne pas dâune maladie de la mĂ©moire et toutes les maladies de la mĂ©moire ne sont pas des maladies dâAlzheimer. 25 Notre sociĂ©tĂ© de plus en plus basĂ©e sur la performance, tend Ă Ă©carter de son champ tous les sujets fragilisĂ©s; et dans son fantasme de toute puissance elle confie aux savants la recherche dâune solution pour supprimer la maladie et aux soignants la tĂąche tout aussi impossible de supprimer toute souffrance physique ou morale. Cette sociĂ©tĂ© est hantĂ©e par la peur de la vulnĂ©rabilitĂ© et de la mort quâelle cache ou quâelle nie. Or, lâĂ©tymologie du terme de dĂ©mence Ă©voquant la mort de lâesprit Ă©taye la reprĂ©sentation du dĂ©ment comme mort vivant » Maisondieu [15] . Une autre hypothĂšse serait que la dĂ©mence dâAlzheimer, maladie de la mĂ©moire et de lâorientation serait une reprĂ©sentation mĂ©taphorique dâune sociĂ©tĂ© qui cherche Ă abolir le temps et doit sans cesse lĂ©gifĂ©rer, construire des mausolĂ©es pour ne pas oublier le passĂ© tant celui-ci est rapidement frappĂ© dâobsolescence. 26 Ce rappel historique peut nous Ă©clairer sur la reprĂ©sentation lĂ©guĂ©e par les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes et son incidence sur le comportement actuel vis-Ă -vis du vieillard jugĂ© inutile, ce vieux qui fait peur, ce vieux auquel nous ne voulons en aucun cas ressembler et quâil est parfois plus simple dâoublier; ce vieux dit dĂ©ment. Au seuil de ce nouveau millĂ©naire nous pouvons aussi nous interroger sur lâhĂ©ritage que nous laisserons aux gĂ©nĂ©rations futures. Cette population vieillissante, certes globalement en bonne santĂ©, se montre dĂ©sireuse dâune Ă©ternelle jeunesse mĂȘme au prix de lâoubli de son passĂ©, prĂȘte Ă refouler », Ă exclure les plus fragiles, en particulier sâils perdent la raison. Ainsi le malade dĂ©ment est dâun cĂŽtĂ© victime de projections sociales dĂ©valorisantes et de fantasmes angoissants et dâun autre cĂŽtĂ© objet dâĂ©tude par une science qui dĂ©taille ses lĂ©sions et le rĂ©duit trop souvent Ă la somme de ses dĂ©ficits. PlacĂ© en institution il est ballottĂ© entre lâoubli oĂč il disparaĂźt et lâexcĂšs oĂč Ă trop le panser on pense pour lui. Il risque alors, privĂ© de son humanitĂ©, de disparaĂźtre en tant que sujet, câest-Ă -dire en tant quâĂȘtre de parole. LA RELATION COMME CLĂ DES SENS 27 Charlotte Herfray [16] dit Ă propos du trĂšs grand Ăąge Le soutien dâautrui sâavĂšre, en ces temps, une des choses les plus nĂ©cessaires. Le sujet appelle Ă lâaide comme il peut, mais câest souvent un appel muet, et peu dâinterlocuteurs sont en mesure dâentendre cet appel et de donner de leur temps». 28 Le sujet humain ou parlĂȘtre » parole-ĂȘtre selon le nĂ©ologisme de J. Lacan serait LâĂȘtre qui habite le langage, sans toujours parler» Sauret [17] tel le muet, lâaphasique, voire parfois lâenfant ou⊠le dĂ©ment. Car, si la dimension humaine du sujet se rĂ©alise dans un bain de langage, en outre par son corps mĂȘme le sujet Ă©met une parole» J. Lacan [18] . En ce sens, Françoise Dolto disait tout est langage» [19] entendant par langage, le pouvoir de symboliser par des mots ou des actes, et de dĂ©signer ainsi des choses en leur absence. 29 En tout cas il sâagit bien de la nĂ©cessitĂ© pour lâHomme de rester reliĂ© Ă lâAutre. Cet autre qui par la relation proposĂ©e lui signifie sa propre humanitude humain en Ă©volution. La relation ainsi envisagĂ©e est toujours une inter-relation. Elle ne se satisfait pas du virtuel, elle est toujours de lâordre de la rencontre entre deux sujets, deux histoires et deux souffrances. Comme nous le rappelle Emmanuel Levinas Câest en tant que prochain que lâhomme est accessible» [20]. 30 En dĂ©pit de lâĂ©vidente part organique dans la maladie dâAlzheimer, de tels Ă©clairages ne peuvent nous laisser indiffĂ©rents quant Ă la possibilitĂ© dâune relation authentique avec le dĂ©ment. Ils nous invitent Ă une clinique et Ă une recherche active de paradigmes opĂ©rant dans le registre de la relation Ă lâautre. 31 Certes, comme nous lâavons vu, la confrontation au dĂ©ment dans sa vulnĂ©rabilitĂ© rĂ©veille des angoisses quasi ataviques elle touche aussi Ă la non-consistance de nos fantasmes de toute puissance et Ă©branle notre illusion dâimmortalitĂ© ; dans la mesure oĂč lâhumain ne sâoffre quâĂ une relation qui nâest pas un pouvoir» [21]. DĂšs lors oserons-nous ne pas dĂ©tourner le regard et prendrons-nous le risque de la relation sans pour autant devenir ni infantilisants ni insensibles. 32 Dâailleurs, Ă trop vouloir nous protĂ©ger ne risquons-nous pas simplement de nous perdre nous-mĂȘmes ? En somme, proclamer, voir lâautre comme un humain, nâest-ce pas faire la dĂ©claration de notre propre humanitĂ© ? 33 Mais alors, comment Ă©tablir et maintenir cette relation avec le sujet dĂ©ment ? Comment en apprĂ©hender les modalitĂ©s concrĂštes ? Il sâagit pour nous de nous remettre Ă lâĂ©coute du patient, des proches, des soignants; de rĂ©apprendre Ă voir, Ă entendre et Ă ressentir. Il sâagit dâaccueillir ce que disent ceux qui tous les jours sont longuement auprĂšs dâeux et de considĂ©rer tous ces tĂ©moignages et les conduites des proches sous un Ă©clairage plus systĂ©mique que nosologique. 34 A mesure que nous nous employons Ă mieux connaĂźtre ces patients, un sens semble se laisser entrevoir au travers de leurs comportements et de leurs propos. MĂȘme si les messages des dĂ©ments sont malaisĂ©s Ă dĂ©coder tant ils sont dĂ©routants et imprĂ©visibles, en aucun cas nous ne pouvons esquiver la question de leur dignitĂ© humaine, ni celle de leur qualitĂ© de vie et des espaces de libertĂ© qui leur sont accordĂ©s. 35 Nous nous devons de prĂ©server Ă tout prix lâidentitĂ© de la personne dĂ©sorientĂ©e, dâen ĂȘtre les garants face Ă elle-mĂȘme, Ă sa famille et Ă lâinstitution, en considĂ©rant chacun au-delĂ des apparences comme un ĂȘtre Ă part entiĂšre, unique avec son histoire singuliĂšre. 36 VoilĂ une premiĂšre clĂ©, pour orienter nos diverses pratiques et nous donner les prĂ©mices dâune Ă©laboration thĂ©orique. 37 Affirmer lâexistence dâune vie psychique de la personne ĂągĂ©e dĂ©mente quel que soit son Ă©tat de dĂ©sorganisation, postuler sur cette vie affective et Ă©motionnelle alors que les moyens de lâexprimer font dĂ©faut, permettraient de faire fonctionner cette clĂ©. LE BILAN DE LA VIE UNE TĂCHE Ă ACCOMPLIR 38 Nous postulons que lâĂąge extrĂȘme de la vieillesse peut revĂȘtir un sens. Sur le plan social, la personne trĂšs ĂągĂ©e jouerait un rĂŽle spĂ©cifique mais ce qui nous intĂ©resse ici est que sur le plan personnel elle aurait une tĂąche Ă accomplir faire le bilan de sa vie. 39 Selon Boris Cyrulnik [22] citant Butler le ârĂ©examen de la vieâ a Ă©tĂ© proposĂ© Ă titre psychothĂ©rapeutique pour les ĂągĂ©s. Il sâagit dâun processus mental qui, quelle que soit la culture, se manifeste naturellement par le retour progressif Ă la conscience des expĂ©riences passĂ©es, notamment la rĂ©surgence de conflits non rĂ©solus .... Pour les ĂągĂ©s, câest toujours aujourdâhui ». 40 Or, depuis Sigmund Freud, nous savons que les affects, surtout inconscients, sont dĂ©terminants. Ses observations sur les hystĂ©riques », nous semblent Ă©galement pertinentes pour les dĂ©ments Non seulement ils se souviennent dâĂ©vĂ©nements douloureux passĂ©s depuis longtemps, mais ils y sont encore affectivement attachĂ©s; ils ne se libĂšrent pas du passĂ© et nĂ©gligent pour lui la rĂ©alitĂ© et le prĂ©sent » [23]. 41 FrĂ©derick Perls [24] a montrĂ© que dans lâexpression Ă©motionnelle de lâici et maintenant il y a lâhistoire du sujet; lâexpression de cette Ă©motion actuelle mais rattachĂ©e a des souvenirs a un effet libĂ©rateur et structurant M. Petit [25] . 42 Et Carl Gustav Jung [26] ajoute que LâexpĂ©rience passĂ©e, psychiquement non signifiĂ©e, peut ĂȘtre reprise en compte Ă lâoccasion dâexpĂ©riences ultĂ©rieures quâelle influence et qui lui confĂšrent en retour, une signification quâĂ lâorigine on nâavait pu trouver». 43 Enfin, selon le psychanalyste amĂ©ricain Erik Erikson [27], lâhistoire personnelle est faite de crises organisatrices, dĂ©sorganisatrices et rĂ©organisatrices. Il propose une thĂ©orie des tĂąches de vie, qui reprĂ©sentent les Ă©tapes du dĂ©veloppement humain; une tĂąche non accomplie pouvant ĂȘtre reprise, rejouĂ©e dâun Ăąge Ă lâautre de la vie. 44 Pour accompagner ce processus, lâattitude de lâinterlocuteur semble dĂ©terminante afin de faciliter le travail intra-psychique. Et selon Carl Rogers [28], lâattitude adĂ©quate serait non directive et non jugeante pour permettre au sujet de se sentir en confiance et reconnu. 45 Naomi Feil [29], [30] propose, elle, une conception de la pĂ©riode ultime de la vie qui lui confĂšre un sens. Pour ceux quâelle appelle les old-old » , il sâagirait de passer en revue les bons moments et les moments difficiles de leur existence pour traiter les conflits non rĂ©solus du passĂ©. Ce dernier travail leur permettant de retrouver leur intĂ©gritĂ© psychique en reconsidĂ©rant lâhistoire de leur vie pour y mettre de lâordre avant de mourir. 46 De nombreuses observations relevĂ©es durant plusieurs annĂ©es de pratiques cliniques nous permettent de corroborer cette hypothĂšse de Naomi Feil. LA VALIDATION UNE APPROCHE DU POSSIBLE 47 La Validation se prĂ©sente donc comme une approche permettant de communiquer avec les personnes trĂšs ĂągĂ©es en perte dâautonomie physique et pour lesquelles a Ă©tĂ© posĂ© le diagnostic de dĂ©mence de type Alzheimer ou autre. 48 Cette mĂ©thode repose sur trois principes une thĂ©orie, basĂ©e sur le concept de dĂ©veloppement humain au travers de tĂąches de vie, une pratique, faisant appel Ă divers outils de la communication verbale et non verbale, une attitude, lâempathie, que lâon pourrait dĂ©finir comme une qualitĂ© dâĂ©coute permettant de rejoindre lâexpĂ©rience Ă©motionnelle de lâautre et de lâaccompagner. 49 1. Sur le plan thĂ©orique, Naomi Feil, reprenant les travaux dâErik Erikson, y ajoute une tĂąche ultime propre aux personnes trĂšs ĂągĂ©es, quâelle nomme RĂ©solution ». Elle considĂšre que la personne trĂšs ĂągĂ©e y entreprend la relecture de sa vie et en fait le bilan. 50 Tout se passerait comme si, au seuil de la mort, avec lâintelligence de sa psychĂ© profonde et presque malgrĂ© lui, un ĂȘtre humain reconsidĂ©rait lâensemble de sa vie. 51 Le vieillissement somatique entraĂźnant un affaiblissement des perceptions visuelles, auditives, une diminution de lâattention et une restriction de la mobilitĂ©, les relations au monde extĂ©rieur et les stimulations psychosociales sâaffaiblissent, conduisant la personne ĂągĂ©e Ă rentrer dans sa coquille ». Et les expĂ©riences sur lâisolement sensoriel ont Ă©tabli comment, dans de telles conditions, lâimagerie mentale interne se renforce, permettant au grand vieillard ce retour en lui-mĂȘme. 52 Le vieux dĂ©ment ferait ainsi Ă sa maniĂšre un retour actif, bien quâimaginaire, sur sa vie passĂ©e. Les fonctions cognitives qui filtrent et contrĂŽlent les Ă©motions Ă©tant altĂ©rĂ©es, il exprime ses affects Ă temps et Ă contre temps, quâil soit compris ou non. Et ce processus rĂ©veille en chaĂźne des Ă©motions plus anciennes A travers ses Ă©motions, le vieillard vole dâĂąge en Ăąge. Dans un souci perpĂ©tuel de laisser une maison propre, les personnes ne cessent de mettre de lâordre dans leurs Ă©motions » [31]. 53 Mais, quand la souvenance sâenlise dans ces orniĂšres de la mĂ©moire que sont toutes les blessures secrĂštes accumulĂ©es durant lâexistence, comme le bras de lâĂ©lectrophone qui relirait encore et encore le mĂȘme sillon rayĂ©, la personne ĂągĂ©e retourne sans cesse Ă ses blessures sans pouvoir sâen libĂ©rer. 54 Le fossĂ© qui la sĂ©pare de la rĂ©alitĂ© se creuse et sâĂ©largit, laissant apparaĂźtre les troubles que le professionnel pourra rattacher au diagnostic de dĂ©mence sĂ©nile de type Alzheimer. Et progressivement, le repli complet de lâĂ©tat vĂ©gĂ©tatif sâannoncera comme le terme dâun long et douloureux parcours pour la personne ĂągĂ©e et pour ses proches. 55 Naomi Feil observe, identifie et dĂ©crit quatre stades plus ou moins successifs durant cette Ă©tape dite de rĂ©solution la mal orientation, la dĂ©sorientation, les mouvements rĂ©pĂ©titifs et lâĂ©tat vĂ©gĂ©tatif; chacun caractĂ©risĂ© par des attitudes et des comportements spĂ©cifiques. 56 Ainsi, elle propose de voir des comportements tels que la dĂ©ambulation, la kleptomanie, les cris rĂ©pĂ©titifs, etc., comme des manifestations verbales et non verbales qui nous renseignent sur la vision du monde de la personne, plutĂŽt que de les considĂ©rer comme pathologiques. Elle postule que ces manifestations sont pertinentes par rapport Ă lâhistoire du sujet, fussent-elles inadaptĂ©es Ă lâenvironnement prĂ©sent. Et elle formule une sĂ©rie dâhypothĂšses quant aux raisons pour lesquelles ces personnes agissent comme elles le font. 57 Or, dans la mesure oĂč les sciences de la matiĂšre nous ont enseignĂ© que le point de vue de lâobservateur modifie le phĂ©nomĂšne observĂ©, accepter des hypothĂšses selon lesquelles le comportement singulier de la personne peut contracter du sens devrait modifier la conduite de lâobservateur / intervenant et donc la nature et la qualitĂ© de lâinteraction. 58 Quand Madame D. entasse pĂȘle-mĂȘle quelques affaires dans sa valise ouverte sur son lit et jette deux ou trois objets Ă terre. InterprĂ©ter cela comme une tentative de fugue, lâenfermer et lui prendre sa valise, la jetterait probablement dans un mutisme dĂ©sespĂ©rĂ©. Alors quâil suffirait peut-ĂȘtre de prĂȘter lâoreille aux propos quâelle marmonne Cette femme, quâest-ce quâelle va emporter avec elle lorsque la mort viendra bientĂŽt la chercher ?». MĂ©taphoriquement, elle tente peut-ĂȘtre de faire le tri dans ses souvenirs et de faire sa valise avant le grand dĂ©part⊠59 Dâautres fois, il peut sâagir simplement de revivre des plaisirs passĂ©s ou de rĂ©activer des souvenirs sensoriels pour soulager lâennui, le stress et repousser des sentiments douloureux dâinutilitĂ© et de solitude. 60 2. Les techniques de communication proposĂ©es par Naomi Feil sâinspirent quant Ă elles de la systĂ©mique et des travaux de lâEcole de Palo Alto G. Bateson [32], E. Hall [33], P. Watzlawick [34] , de la relation dâaide selon Carl Rogers [35], de la programmation neurolinguistique R. Bandler et J. Grinder [36] ... 61 Ces techniques sont des outils indispensables pour permettre Ă lâaccompagnant de tendre des passerelles vers la personne dĂ©sorientĂ©e. En effet, la thĂ©orie ne suffit pas pour rejoindre lâautre dans son modĂšle du monde », dans sa rĂ©alitĂ© subjective et affective et pour lâaccompagner tout en gardant de justes frontiĂšres. 62 Les outils doivent permettre de maintenir une relation significative et un Ă©change rĂ©el, mĂȘme en lâabsence de sens explicite. 63 Pour cela, notre emprise cognitive sur la rĂ©alitĂ© et la cohĂ©rence de lâinformation prĂ©tendue objective doivent cĂ©der le pas au partage dâune matiĂšre plus Ă©mouvante, en un mot plus Ă©motionnelle, constitutive de la rĂ©alitĂ© subjective de lâautre. La rĂ©alitĂ© de la relation parle de notre humanitĂ© commune et prime sur lâexigence de performances intellectuelles. 64 3. LâĂ©coute empathiqueenfin, est le troisiĂšme maillon de la chaĂźne et câest aussi celui qui fait fonctionner et anime les deux autres. 65 Lâempathie suppose la capacitĂ© dâaccepter sans a priori tout ce quâexprime lâautre comme une manifestation de sa maniĂšre originale dâĂȘtre au monde en cet instant. Le seul objectif entrer en communication avec lui dâĂȘtre humain Ă ĂȘtre humain. Pour ce faire, le mensonge et le rappel de la rĂ©alitĂ© objective du moment ne peuvent ĂȘtre admis. 66 En ce sens cela sâapparente au non-jugement, au non-savoir, au non-pouvoir sur lâautre; peut-ĂȘtre sâagit-il simplement dâĂȘtre prĂ©sent, comme un tĂ©moin bienveillant et attentif. 67 PlutĂŽt que de se focaliser sur les dĂ©ficiences et les manques, lâaccompagnant cherchera Ă percevoir la fonction de la demande, pour tenter de prendre en compte le besoin qui la sous-tend. 68 Toutefois, si les techniques de Validation nous paraissent adaptĂ©es Ă lâaccompagnement des grands vieillards atteints de dĂ©mence et semblent bien rĂ©pondre aux diffĂ©rents stades de lâĂ©tape de RĂ©solution, rappelons que dâautres approches sont Ă lâĂ©vidence Ă©galement utiles. Hormis la stimulation de la mĂ©moire et la rĂ©orientation vers la rĂ©alitĂ©, citons par exemple la rĂ©miniscence, les activitĂ©s Ă mĂ©diation individuelles ou en groupe, les techniques de remotivation, les approches comportementalistes, voire certaines formes de psychothĂ©rapie notamment dâinspiration systĂ©mique dont lâavantage est de replacer la personne dans sa famille comme individu porteur de lâhistoire familiale et parfois dĂ©tenteur de secrets fondateurs de cette histoire. Ces thĂ©rapies replacent le sujet dans une fonction de transmission, fonction souvent perdue en raison du consensus social qui dĂ©valorise la transmission orale du passĂ©. 69 Certaines techniques nous semblent cependant moins adaptĂ©es pour les personnes arrivĂ©es au stade de la RĂ©solution; notamment celles qui requiĂšrent des performances cognitives que certaines de ces personnes ne sont plus en mesure de soutenir, exposant nombre dâentre elles Ă des souffrances narcissiques. En outre, la plupart de ces techniques ne sont plus dâaucune aide pour les patients parvenus au stade des mouvements rĂ©pĂ©titifs ou de lâĂ©tat vĂ©gĂ©tatif [37], quâon peut rapprocher de certains Ă©tats de rĂ©gression. A ces stades, les approches qui semblent les mieux adaptĂ©es, allient un nursing attentif et bienveillant garant dâun confort physique optimal, le toucher, les mouvements doux, la voix, le chant et les techniques de relaxation. LâHISTOIRE DâUNE RENCONTRE [38] 70 Pour nous aider Ă mieux comprendre cette approche de Naomi Feil, remontons maintenant Ă son enfance et Ă lâun des nombreux exemples quâelle rapporte. Naomi Feil a grandi dans une maison de retraite, dirigĂ©e par son pĂšre psychologue et câest ainsi quâun jour elle rencontre Florence Trew⊠71 Florence Trew avait 68 ans et moi 8 quand en dĂ©cembre 1942 je la rencontrai pour la premiĂšre fois. Madame Trew fut donc mon amie dâenfance; mais je nâavais pas le droit de lâappeler par son prĂ©nom. Pour moi, elle devait toujours ĂȘtre Madame Trew ». Grande et belle femme, elle avait un nez Ă la fois fin et long, sur lequel elle perchait des lorgnons pour me faire la lecture; et comme elle hochait souvent la tĂȘte, ceux-ci sâagitaient dangereusement sur le bout de son nez. Jâadorais sa voix claire, lente et bien timbrĂ©e qui me calmait. Ce jour lĂ , elle me trouva en larmes, persuadĂ©e que ma mĂšre prĂ©fĂ©rait mon frĂšre, puisque mes patins Ă roulettes Ă©taient moins rapides que les siens. Madame Trew comprenant cette iniquitĂ©, et pour me consoler, sortit son journal intime de son gros sac noir quâelle avait toujours avec elle. Elle trouva la page quâelle cherchait. Elle toucha le papier et se figea en fermant les yeux. Puis elle les Ă©carquilla, et nous nous regardĂąmes partageant silencieusement la mĂȘme souffrance. Elle commença Ă mâen lire un extrait. Sa voix, qui Ă©tait habituellement douce et lyrique, devint terne, plate, sans vie. Les mots de cette page parlaient dâeux-mĂȘmes Le 10 juin 1891, Cher journal, Ma mĂšre nâa pas changĂ©. Elle mâa encore couverte de honte aujourdâhui, exactement comme elle lâavait dĂ©jĂ fait une fois dans la classe de madame Nelson. Tâen souviens-tu, mon cher Journal ? CâĂ©tait mardi, le soir de la rencontre parents-professeurs. Elle sâentretenait avec Madame Nelson au moment oĂč la cloche retentit. Alors, continuant Ă parler, ma mĂšre pointa son doigt dans ma direction et tout le monde se mit Ă me regarder. Je me recroquevillais sur moi-mĂȘme et aurais vraiment souhaitĂ© disparaĂźtre. Ma mĂšre chuchota dâune voix nĂ©anmoins trĂšs forte Florence ne veut pas se dĂ©barrasser de cet horrible liĂšvre en bois. Câest pour cela quâelle nâa pas dâamie ». Puis, sâapprochant de Sally Quinn, assise au premier rang, elle dit ChĂ©rie, pourrais-tu ĂȘtre lâamie dâune fille qui traĂźne un liĂšvre en bois partout oĂč elle va ? Certes non, tu ne la voudrais pas ! » Sally Quinn rit sottement et ma mĂšre fut ravie. Alors toute la classe se mit Ă rire. Satisfaite, et sans prendre davantage la peine de chuchoter, ma mĂšre se tourna vers Mademoiselle Nelson Je suis inquiĂšte pour Florence. Je ne voudrais pas que, toute sa vie, elle traĂźne derriĂšre elle ce liĂšvre grinçant». Puis, elle vint vers moi, et lĂ , me dominant de toute sa taille, elle tendit la main pour attraper mon Creaky. Alors, jâai criĂ© Creaky est Ă moi ». Je lâaimais tellement que jâen bĂ©gayai. Je serrai plus fort sa laisse en le cachant sous mon bureau. Papa me lâavait fabriquĂ© pour mes trois ans, juste avant de partir au ciel. Les oreilles pointues de Creaky Ă©taient douces comme du velours. Les toucher mâapaisait, comme lorsque Papa Ă©tait avec moi... Ma mĂšre attrapa Creaky dâune façon si brutale quâelle lui arracha la patte arriĂšre. Puis elle se dirigea vers lâestrade de Mademoiselle Nelson et le lança dans sa corbeille Ă papiers, oĂč il fit un bruit sourd quand il percuta le fond. Je courus pour le sauver. Mais Mademoiselle Nelson emporta au loin la corbeille Ă papiers, et mon Creaky avec⊠Les yeux clos, Madame Trew referma son journal. Je plaçai ma main dans les siennes. Et quâarriva-t-il alors ?» lui murmurai-je. Ce jour lĂ , je suis morte !» me rĂ©pondit-elle. En 1950, je dis au revoir Ă mon amie Florence Trew⊠En 1963, pour mes Ă©tudes supĂ©rieures de sociologie et de psychologie, je revins Ă Cleveland enseigner et travailler avec les rĂ©sidents dĂ©sorientĂ©s de la maison de retraite dans laquelle jâavais grandi. Mon attention fut attirĂ©e par un Ă©norme fauteuil retenant prisonniĂšre une minuscule vieille dame. Sans arrĂȘt, elle tapait sur le plateau mĂ©tallique, en criant dâune petite voix pointue Cree ! Cree ! Cree ! » Ses mains caressaient un objet invisible quâelle seule pouvait voir. Elle mâattrapa la main et la retint avec force. Je regardai ses longs doigts aux ongles cassĂ©s, ses avant-bras marquĂ©s de tĂąches de vieillesse; son poignet minuscule sur lequel jâaperçus lâĂ©tiquette portant son nom Florence Trew. » Se pouvait-il quâil sâagisse de la mĂȘme Florence Trew ? Je me remĂ©morai Madame Trew telle quâelle Ă©tait quand elle nâavait que 68 ans, vingt ans auparavant. Ensemble, tous les jours, nous avions gagnĂ© quelques francs en collectant des chambres Ă air hors dâusage pour participer Ă lâeffort de guerre. Et nous avions reçu la mĂ©daille des meilleurs collecteurs de caoutchouc. Madame Trew avait accrochĂ© la sienne sur sa porte. Ces souvenirs me nouĂšrent la gorge quand je me penchai vers elle pour la regarder dans les yeux Vous vous souvenez de notre mĂ©daille, Madame Trew ?». Elle mâentendit, me regarda droit dans les yeux et murmura mon nom Mimi... Mimi... fait-moi sortir de ce fauteuil ». Lâaide-soignante me mit en garde Vous ne pouvez pas la dĂ©tacher. Elle est tombĂ©e trois fois la semaine derniĂšre en essayant de sâĂ©chapper. Si vous la dĂ©tachez et quâelle tombe, vous en serez seule responsable ». Je me penchai trĂšs prĂšs dâelle et lui murmurai Quâest-il donc arrivĂ© ?». Ils lâont jetĂ© au loin ! Mimi, sâil vous plaĂźt, dites leur quâils me le rapportent ». La voix de Madame Trew avait repris le mĂȘme timbre trĂšs doux quâelle avait de longues annĂ©es auparavant. Son regard bleu Ă©tait clair, ses mains qui enserraient les miennes Ă©taient fermes. Qui ? lui demandai-je. Qui ont-ils jetĂ© loin de vous, Madame Trew ?». Creaky, voyons ! Câest celle-lĂ , qui lâa jetĂ© dans la corbeille Ă papier», me rĂ©pondit-elle, en dĂ©signant du doigt lâinfirmiĂšre. Cette dame est lâinfirmiĂšre, Madame Trew, ce nâest pas votre mĂšre ». Madame Trew secoua la tĂȘte, manifestement déçue de ma rĂ©ponse. Puis en se dĂ©tournant, elle mâexclut de son monde pour fixer Ă nouveau le vide, tout en gĂ©missant doucement Cree, Cree, Cree ». Jâinsistais Madame Trew, avez-vous reçu un choc ?». Je posai des questions sur sa mĂ©moire des faits rĂ©cents. Elle me regardait sans rien dire. Ses lĂšvres formaient des mots, mais aucun son ne venait. Elle restait avachie, rĂ©signĂ©e, adaptant son corps Ă ses liens. Puis elle soupira Je suis morte ». Jâessayai de la raisonner Madame Trew, vous nâĂȘtes pas morte, voyons, puisque vous me parlez». Vous entendez des voix, ma chĂ©rie» me rĂ©pondit-elle tristement. Vous voulez mourir, Madame Trew ?» lui demandai-je doucement. Oui». Sa rĂ©ponse fusa, immĂ©diatement et claire. Creaky et moi sommes finis. Nous sommes des vieilles chambres Ă air foutues. Foutues, foutues, foutues ! Flanquez-nous Ă la poubelle ! » Et Madame Trew se mit Ă pleurer, murmurant entre deux sanglots Pauvre Creaky ! Elle tâa arrachĂ© les pattes. Ton oreille blanche est si douce. Faites-moi sortir de ce fauteuil ! Au secours ! Au secours !» hurla-t-elle. Je lâentourai de mes bras. Une voix dâhomme lança Elle est cinglĂ©e, Madame. Vous ne pouvez pas lâaider. Câest moi quâil faut aider, en lâexpĂ©diant loin dâici ! ». Lâaide-soignante me jeta un regard de reproche. Dâun geste rapide et efficace, elle resserra les sangles de Madame Trew. Celle-ci lui envoya un coup de pied dans le tibia, en hurlant Rendez-moi Creaky, sale chienne ! Je vous dĂ©teste ! Tous les enfants de la classe vous dĂ©testent ! ». Sans regarder Madame Trew, elle attrapa son fauteuil et le fit rapidement rouler le long de lâimmense hall, tout en disant Ma douce, vous ne devriez pas utiliser ces horribles mots; vous valez mieux que ça. Une chienne est la femelle du chien» lui dit-elle patiemment ; et je ne suis pas une chienne. Je suis votre aide-soignante et je vous aime bien... Maintenant, chĂ©rie, tout va bien aller, et il est temps pour vous dâaller au dodo». Sa voix douce sâattĂ©nua peu Ă peu, au fur et Ă mesure quâelles sâĂ©loignaient dans le corridor, puis elle sâĂ©teignit. A aucun moment, Madame Trew nâeut la possibilitĂ© de tourchance ner la tĂȘte vers moi; et nous nâeĂ»mes jamais une autre de nous dire au revoir car elle mourut cette nuit lĂ . » LHISTOIRE REVISITĂE 72 Florence Trew aurait rĂ©primĂ© ses sentiments tout au long de son existence. Elle aurait profondĂ©ment enfoui sa colĂšre envers sa mĂšre. Ce nâest quâaprĂšs 80 ans, aprĂšs avoir perdu son autonomie, son mari, sa maison, sa fille, son acuitĂ© visuelle, la mĂ©moire des faits rĂ©cents et sa mobilitĂ©, quâelle aurait pu revivre ses souvenirs douloureux. Pour elle, lâaide-soignante nâĂ©tait quâune ombre. La vue de Florence Trew Ă©tant lĂ©sĂ©e, elle se servait de cette ombre pour redonner vie Ă sa mĂšre ». 73 Selon le point de vue proposĂ© par Naomi Feil, Madame Trew Ă©tait entrĂ©e dans son stade de vie dit de RĂ©solution. Sa tĂąche finale consistant Ă effacer lâardoise, câest-Ă -dire Ă exprimer ses Ă©motions refoulĂ©es, avant de mourir. Elle Ă©tait retournĂ©e dans son passĂ© pour rĂ©soudre dâanciennes blessures. 74 La petite fille de 8 ans nâavait jamais criĂ© âMaman, je suis morte le jour oĂč tu as jetĂ© Creaky dans la corbeille Ă papierâ. Elle a attendu 80 ans pour cela. Elle a attendu trop longtemps » [39]. 75 Dans lâhistoire de Florence Trew, lâobjet du manque est son Creaky », dont la fonction dâobjet transitionnel consistait sans doute Ă lui apporter un sentiment dâapaisement liĂ© au sentiment » de prĂ©sence du pĂšre; satisfaisant ainsi son besoin de sĂ©curitĂ©. On peut imaginer que validĂ©e » elle aurait revĂ©cu et partagĂ© les sentiments liĂ©s Ă la perte de son Creaky », et pu exprimer le sentiment dâinjustice ressenti en ce temps lĂ . ReconfortĂ©e par un intervenant en Validation et ainsi reconnue dans sa rĂ©alitĂ© Ă©motionnelle, Madame Trew aurait peut-ĂȘtre pu Ă©prouver la lĂ©gitimitĂ© de ses sentiments et trouver en elle un apaisement. 76 Naomi Feil passa les trente annĂ©es suivantes Ă travailler avec des personnes comme Florence Trew. A leur contact et grĂące aux tĂ©moignages de leur entourage, elle a peu Ă peu dĂ©veloppĂ© la Validation. 77 Ainsi, elle nous dit Jâai appris de mes erreurs. Jâai appris que les personnes trĂšs ĂągĂ©es dĂ©sorientĂ©es ont une sagesse intuitive et sont aussi humaines que nous. Jâai appris que derriĂšre leur dĂ©sorientation se cache une richesse humaine et que cette richesse sâĂ©tend au-delĂ du moment prĂ©sent; au-delĂ de la culture, de la race, de la religion, du pays dâorigine ». 78 Quand on perd la notion du temps prĂ©sent et du lieu, quand les obligations sociales ont perdu tout intĂ©rĂȘt, alors câest lâessence mĂȘme de lâhumain qui sâexprime. Les personnes ĂągĂ©es retrouvent tout naturellement leur sagesse intĂ©rieure. Leur vie se rythme en terme de souvenirs, et non plus en terme de elles perdent lâusage de la parole, des sons et des rythmes la remplacent, et les mouvements appris dans leur jeunesse se substituent aux mots. Pour survivre aux pertes du temps prĂ©sent, elles restaurent un passĂ© dans lequel elles trouvent davantage de sagesse » [40]. 79 En ce dĂ©but de millĂ©naire, le processus de vieillissement concerne de plus en plus dâentre nous et expose lâindividu Ă des pertes multiples. La vision utilitariste, que nous avons reçue en hĂ©ritage, agite le spectre de la perte ultime de lâesprit, faisant Ă nos yeux de lâAutre dĂ©ment ou malade dâAlzheimer un mort en sursis. 80 Lâhistoire de nos sociĂ©tĂ©s rĂ©vĂšle Ă lâĂ©gard du vieux une ambivalence constante, gĂ©nĂ©ratrice de dĂ©ni ou dâexclusion. Aujourdâhui cette ambivalence peut interpeller notre propre humanitĂ©. 81 AuprĂšs des sujets atteints de dĂ©mence et Ă lâĂ©coute de leurs proches nous dĂ©couvrons, dans lâalternance de moments de luciditĂ© et de moments de confusion, un autre langage Ă la fois verbal et non verbal, riche de toute une dimension symbolique. Cet autre langage est certes fait de distorsions, dâomissions, de gĂ©nĂ©ralisations, de projections, mais aussi de mĂ©taphores⊠Il nous parle du sensible oĂč lâidentitĂ© sâancre dans la subjectivitĂ© des joies et des blessures de la vie affective. 82 Nous sommes ainsi les tĂ©moins de phĂ©nomĂšnes qui sâapparentent Ă des tentatives dâun travail dâĂ©laboration psychosocial. En respectant la sagesse illogique mais intuitive de ces vieilles personnes, tout en admettant la dĂ©tĂ©rioration physique et intellectuelle, la Validation autorise ce processus pour leur permettre de retrouver un sentiment dâapaisement voire de sĂ©rĂ©nitĂ©. 83 En outre, Ă©tant nous-mĂȘmes des sujets vieillissants candidats Ă devenir trĂšs vieux, nous pourrions ainsi explorer et peut-ĂȘtre espĂ©rer dĂ©couvrir Ă notre propre usage les ingrĂ©dients dâune vieillesse harmonieuse. 84 Selon Naomi Feil Quand nous crĂ©ons de lâempathie avec les gens dĂ©sorientĂ©s, nous commençons Ă mieux percevoir les raisons qui sous-tendent leur dĂ©sorientation. ... Cela peut nous Ă©clairer sur nos difficultĂ©s, et nous apprendre Ă repĂ©rer nos propres tĂąches restĂ©es en suspens. Nous pourrions ainsi dĂšs maintenant travailler Ă les rĂ©soudre, avant mĂȘme dâavoir Ă notre tour atteint le trĂšs grand Ăąge » [41]. 85 En effet, usant dâun paradigme selon lequel la perte des facultĂ©s acquises de raisonnement logique pourrait sâaccompagner chez lâĂągĂ© dĂ©ment de la rĂ©-Ă©mergence de modes de pensĂ©e Ă©motionnels et associatifs, nous pourrions imaginer que ces comportements rĂ©pondent moins Ă la raison sociale et objective quâĂ des raisons plus profondes et plus intimes. 86 Ainsi, reconnue jusquâaux instants ultimes comme un ĂȘtre Ă part entiĂšre avec ses peines et ses joies et sa profondeur, la personne dĂ©mente pourrait, en nous faisant les tĂ©moins de ses efforts pour se rĂ©aliser, recouvrer Ă nos yeux et Ă ceux de ses proches un rĂŽle social et la fonction dâun semblable, rĂ©actualisant Ă son propre usage et au nĂŽtre une connaissance profonde de ce qui anime une vie humaine. Notes [1] BANDLER R., GRINDER J. 1976. 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LA VIEILLESSE UNE HISTOIRE ANCIENNE LA DĂMENCE UNE HISTOIRE RĂCENTELâEXCLUSION DU VIEILLARDLA DĂMENCE, UNE NOTION JURIDIQUE âŠâŠ AVANT DâĂTRE MĂDICALELA RELATION COMME CLĂ DES SENSLE BILAN DE LA VIE UNE TĂCHE Ă ACCOMPLIRLA VALIDATION UNE APPROCHE DU POSSIBLE LâHISTOIRE DâUNE RENCONTRE LHISTOIRE REVISITĂE F. Blanchard MĂDECIN GĂRIATRE -CHEF DE SERVICE PROFESSEUR DE SANTĂ PUBLIQUE CENTRE HOSPITALIER - 51092 REIMS F. Munsch MĂDECIN GĂRIATRE CENTRE HOSPITALIER GĂRONTOLOGIQUE - 68700 CERNAY Novella MĂDECIN GĂRIATRECENTRE HOSPITALIER - 51092 REIMS K. Munsch MASSEUR KINĂSITHĂRAPEUTE HĂPITAL RURAL - 68210 DANNEMARIE J. Ankri MĂDECIN GĂRIATRE HĂPITAL SAINTE PĂRINE - 75016 PARIS F. Duarte PSYCHOLOGUE CLINICIENNECENTRE HOSPITALIER GĂRONTOLOGIQUE - 68700 CERNAY S. Blique DOCTEUR EN PSYCHOLOGIEMAISON HOSPITALIĂRE ST-CHARLES - 54000 NANCY M. Sigal MAĂTRE DE CONFĂRENCE EN PSYCHOLOGIEUNIVERSITĂ - 51100 REIMS I. Morrone PSYCHOLOGUECENTRE HOSPITALIER - 51092 REIMS Rochard-Bouthier MĂDECIN PSYCHIATRE -CHEF DE SERVICECENTRE HOSPITALIER DE ROUVRAY - 76301 SOTTEVILLE LES ROUEN C. Jochum CHEF DE CLINIQUE ASSISTANTCENTRE HOSPITALIER - 51092 REIMS F. Desbonnet ASSISTANTE SOCIALEASAD â 75010 PARIS L. Ploton PROFESSEUR DE GĂRONTOLOGIEUNIVERSITĂ LUMIĂRE LYON 2 - 69676 BRON George MĂDECIN GĂRIATRE -CHEF DE SERVICEMAISON HOSPITALIĂRE ST-CHARLES - 54000 NANCY Mourir vieuxDans Fins de viePresses Universitaires de France, 2012Cette publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur publication est la plus rĂ©cente de l'auteur sur
4e de couverture âJe dois rentrer pour nourrir mes enfants ! â Je lui dis alors â Madame Kessler, vous ne pouvez rentrer chez vous. Vos enfants ne sont pas lĂ . Vous ĂȘtes maintenant Ă la maison de retraite de Montefiore â. Elle rĂ©pond â Je le sais, ne soyez pas idiote. Câest pour ça que je dois partir tout de suite. Je dois rentrer chez moi pour faire manger mes enfants. â Aucune forme de rĂ©fĂ©rence Ă la rĂ©alitĂ© ne parvient Ă convaincre Madame Kessler. Elle se sent inutile dans une maison de retraite. Elle a besoin de retrouver son rĂŽle de maman de trois enfants et sa maison pour se sentir utile. Elle sâĂ©carte de moi en me pointant du doigt et marmonne â Quâest ce quâelle en sait et pour qui elle se prend, celle lĂ ! â. RĂ©orienter les vieillards dĂ©sorientĂ©s vers la rĂ©alitĂ©, entrer dans leur jeu, parler dâautre chose⊠quelle est la bonne attitude ? Dans ce livre Naomi Feil nous expose les principes fondateurs de sa mĂ©thode, la Validation Therapy, basĂ©e sur une attitude empathique, respectueuse et authentique envers le vieillard dĂ©sorientĂ©. Ce livre est destinĂ© Ă tous ceux qui prennent soin des â Vieux vieux â et les entourent quotidiennement. La mĂ©thode de Validation donne aux aidants des moyens pour ĂȘtre plus Ă lâaise dans lâaccompagnement de ces grands vieillards qui expriment leurs sentiments sans retenue. La Validation nous aide Ă comprendre ce qui se cache derriĂšre certains comportements, souvent trĂšs choquants. Lâauteur Naomi Feil est une psychosociologue amĂ©ricaine diplĂŽmĂ©e de lâuniversitĂ© de Colombia Ă New-York. Elle a Ă©laborĂ© entre 1963 et 1980 une mĂ©thode destinĂ©e Ă favoriser la communication avec les personnes ĂągĂ©es dĂ©sorientĂ©es. Et vous, quel est votre avis concernant cet ouvrage ? Pour vous procurer ce livre, cliquez sur lâimage ci-dessous
Cette formation vise Ă favoriser chez les soignants des comportements plus appropriĂ©s dans leur accompagnement auprĂšs des personnes ĂągĂ©es en perte dâautonomie cognitive et Ă les soutenir dans leur tĂąche en leur proposant une approche large et concrĂšte. Elle propose, en amont de la prise en charge, un questionnement sur les besoins et les motivations des soignants et, en aval, une rĂ©flexion sur lâapplication de ces mĂ©thodes au travail en Ă©quipe dans le contexte institutionnel des MRS. Elle envisage le soin relationnel sous un triple aspect comportemental, affectif et cognitif. Il s'agit d'amĂ©liorer lâaccompagnement et la communication en maintenant une vie relationnelle. Cette triple approche permettra de prendre soin de la personne ĂągĂ©e dans sa globalitĂ©. Objectifs Cette formation vous permettra de Mieux comprendre le fonctionnement de la personne ĂągĂ©e fragilisĂ©e niveau cognitif; DĂ©velopper intuitivement des conduites adĂ©quates pour comprendre et communiquer avec les personnes ĂągĂ©es niveau comportemental; AmĂ©liorer votre relation avec la personne ĂągĂ©e niveau affectif. Public cible Chefs-infirmiers, infirmiers, rĂ©fĂ©rents pour la dĂ©mence, aides-soignants, assistants sociaux. Formateurs Marie-Claire Giard, assistante sociale, formatrice certifiĂ©e en Validation Feil et administratrice de lâAPVAPA association française pour la promotion de la Validation. Formatrice au Centre Rhapsodie via lequel sont dispensĂ©s les cours de soins relationnels et les cours de Validation selon Naomi Feil depuis 30 ans. Informations pratiques Si la formation est organisĂ©e en prĂ©sentiel Le prix comprend la participation Ă la formation, les supports pĂ©dagogiques, les pauses-cafĂ© et le lunch Ă©ventuel. Quelques jours avant la formation, un mail vous sera envoyĂ© afin de vous rappeler les aspects pratiques et prĂ©ciser, si besoin, quelques points dâorganisation. Si la formation est organisĂ©e en distanciel La participation Ă la formation nĂ©cessite que vous disposiez d'un ordinateur connectĂ© Ă Internet avec des haut-parleurs ou un casque. IdĂ©alement, nous vous conseillons de tĂ©lĂ©charger lâapplication en cliquant ici ou d'utiliser une version rĂ©cente du navigateur Chrome. Avant la formation, vous pouvez tester vos haut-parleurs ou votre casque en suivant ce lien votre connexion Ă la plateforme zoom Au plus tard la veille de la formation, un mail vous sera envoyĂ© afin de vous rappeler les aspects pratiques et prĂ©ciser, si besoin, quelques points dâorganisation. PARTENAIRES
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